Oui... ça date un peu déjà cet article (2008).
Il y a des trucs très intéressants dedans, et il y a aussi des trucs avec lesquels je ne suis pas d'accord (et je ne suis pas le seul).
Il y a tout un tas de reproches sur les fiches techniques phénoménales. Alors OUI, les fiches demandent souvent un matos de malade. Et c'est d'autant plus rebutant que le ton employé est autoritaire. Mais ! Dans la majorité des cas une bonne marge de négociation est possible. De nombreuses fiches techniques de "petits" groupes sont en partie copiées-colées sur d'autres, simplement parce qu'ils ne savent pas rédiger une fiche. Ca peut paraître simple pour un technicien qui sait ce qu'il a besoin d'y trouver et qui en voit passer tous les jours... mais c'est loin d'être aussi simple pour un groupe sans sondier habitué à jouer dans les bars.
Sur le backline, je ne suis pas non plus d’accord : bien sûr qu’à la base, c’est aux artistes d’emmener leurs instruments (enfin, sauf les pianos). Mais parfois, les artistes viennent de loin et en train. Alors on comprends le bassiste qui demande s’il n’y aurais pas moyen d’avoir un ampli sur place. En tant qu’organisateur, tu contactes les autres groupes pour savoir si l’un peux prêter son ampli. Sinon, tu regardes le coût de la loc. Le but n’est pas de louer tous les instruments, mais de faciliter la vie à ceux pour qui c’est un peu plus relou.
Sur les histoires d'alcool, on va pas jouer aux enfants de choeur: on sait bien que les artistes sont tous des pochtrons. Il est parfaitement normal de trouver en loge un frigo et des bières fraîches. C'est une question de respect, d'attention portée aux artistes. J'ai déjà vu des artistes stipuler "ne pas être opposé à un petit rhum" dans leur fiche. Bon ben voilà, tu propose quelques rhum arrangés maison, tu trinques avec eux, c'est cool la vie.
Pour ce qui est des aspects culinaires, certains artistes passent des mois sur la route, logés une nuit sur deux dans des Formule1 au fond de zones d'activité. C'est compréhensible qu'ils n'aient pas envie de se taper un couscous industriel à chaque festoche et qu'ils souhaitent goutter aux produits du terroir là où ils passent.
Par contre, je trouve qu'il y a une réflexion intéressante sur le coût réel d'un spectacle. Dans un contrat, il y a des aspects très clairs, mais il y a aussi un certain flou sur tout un tas de sujets. Les demandes de "petits plus" peuvent paraître gratuites pour l’artiste, mais pas forcément pour les organisateurs. Cette question traduit la maîtrise qu'a l'organisateur sur son évènement. On ne peut pas tout financer, il faut faire des choix. C'est bien à l'organisateur de faire ces choix, parce que lui seul a une vue d'ensemble des postes sur lesquels on peut ou pas mettre du pognon, lui seul sais arbitrer sur la valeur ajoutée de chacun de ces postes. La location d'un préampli Avalon pour trois jours, c'est 150 euros. Si on considère que la valeur ajoutée de l'Avalon est faible par rapport à la prestation d'un clown qui met l'ambiance entre les concerts et fait office de chauffeur de salle, c'est bien à l'organisateur de faire ce choix. Il est compréhensible que la production d’un artiste cherche à ce que son concert se fasse dans les meilleures conditions possibles. Mais l’organisateur a une vue plus large : il n’organise pas des concerts, il organise un festival. Les concerts sont une part importante (et l’organisateur a lui aussi intérêt à veiller à leur qualité), mais cela ne se résume pas à ça. Je ne compte pas les festival auxquels j’ai été en tant que spectateur, avec un super son, mais une bouffe dégueulasse, tout juste bonne à assurer la fonction vitale de la nutrition. C’est dommage. Alors, on le loue ou pas cet Avalon ? Ben là aussi : négociation. Si tu expliques qu’il ne sert que pour un groupe et que pour ce prix là tu préfères rembourser les billets de train de deux bénévoles qui t’aident sur l’évènement, ben ça passe plus facilement.
Pour les histoires de cachets, je ne suis pas vraiment calé sur la question. Il se dit que cette augmentation est bien réelle, et il se dit aussi qu’elle est le résultat des stratégies « 360° » : des productions qui gèrent la totalité des activités d’un artiste, depuis l’enregistrement d’un album jusqu’aux concerts. C’est un phénomène connexe des la chute des ventes de CD : pour sauver les meubles, les producteurs ont cherché à gérer des activités concerts qui restent rentables.
Je ne sais pas quel est la part de vrai et de faux là dedans, mais c’est ce qui m’inquiète le plus : quand je vois de quelle manière catastrophique le monde de la musique enregistrée a géré (ou plutôt : n’a pas géré) l’arrivée d’Internet, je ne suis pas rassuré de voir ces gars-là débarquer dans le milieu du spectacle et venir expliquer comment ça doit se passer…
Il se dit que c’est également lié au regroupement des productions de concert en de grosses structures (Live nation…) disposant de pouvoir très importants.