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Mes Dossier Techniques des Trucs et Astuces pour la Sonorisation, la Prise de Son et l'Utilisation des Effets

Thomann
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Vous pouvez consultez ces fichiers en ligne ou les télécharger. Mais ne les piratez pas. Pas de publication ni de reproduction. Malheureusement je trouve parfois mes articles, publiés sur d'autres sites, sous d'autres noms - et sans mon autorisation, ce qui est illegal!!

Phase1

Les Bases - Fréquence - Physique - Harmoniques - Sinusoïde - Capture - Microphone - Electricité - Signaux Complexes - Comb Filter - Inversions - Obstacles - Conclusion
(cliquez sur un thème)


La Phase (phase1)

Pour comprendre un minimum au comportement de phase d’un signal audio et ses conséquences pour le son, il est malheureusement indispensable de passer par un minimum de théorie. J’espère ne pas trop vous ennuyer. Je vais commencer par une première partie assez théorique pour vous aider à comprendre les phénomènes de phase des signaux audio. Il y aura ensuite une deuxième partie avec des exemples plus pratiques et moins abstraits, mais pour les comprendre, je pense qu’il faudra passer par ces rudiments de base théorique. J'ai préparé aussi un petit répertoire avec des exemples sonores que vous pouvez télécharger ici.

Les Bases

Le signal audio existe sous forme d’impulsion électrique (dans les câbles ou dans les appareils etc…) d’une part et sous forme de pression atmosphérique ou d’ondes vibrantes/sonores d’autre part (le son audible). Sans rentrer dans les détails, on peut très bien schématiser ces deux expressions de la même manière : en ondulations plus ou moins sinusoïdales.

Quand vous balancez une pierre dans l’eau, vous obtenez une belle image de ce qui se passe dans l’air (où c’est normalement invisible) quand un son est émis et qu’il se propage depuis une source.
La pierre heurtant l’eau, y fait naître des vagues (ondulations dans l’eau), le son fait naître des ondulations de pression atmosphérique (l’air est remué est cette perturbation arrive tôt ou tard sur nos tympans ou sur la membrane d’un micro). Remarquez que l’eau, elle-même ne se déplace pas (ne serait ce que pour onduler d’en haut en bas), c’est seulement l’énergie qui se déplace à travers le médium élastique (l’eau ou l’air ou n’importe quel transducteur). mettez un truc flottant sur l’eau et vous verrez que les vagues traversent l’endroit où flotte l’objet sans le déplacer en longitude, il y a seulement le mouvement d’en haut en bas dû à l’amplitude le la vague.
Ou prenez l’image d’un ressort à spirale. Quand vous tapez sur un côté, l’énergie se déplacera jusqu’à l’autre bout du ressort, sans pour autant déplacer la totalité du ressort.

Quand un HP excite l’air (quand il émet du son) il fait en fait bouger seulement une certaine petite quantité d’air qui se trouve immédiatement devant le HP, mais l’élasticité retient l’air. Ça n’est pas l’air devant le HP qui est propulsé au fond de la salle, mais l’énergie qui se déplace à travers l’air en convulsions périodiques. Ces convulsions (ou ondulations) correspondent évidemment à la fréquence du son émis. (Remarquez que la qualité du HP est très important pour qu'une fréquence donnée soit fidèlement "envoyée dans l'air"!)

Le son est un mouvement de particules (d’air par exemple) de part et d’autre d’une position d’équilibre. Les particules ne vont donc pas se déplacer comme une voiture sur une route mais simplement osciller autour de leur position de repos.
J'aimerais vous faire remarquer, que le son ne se propage pas et ne s'entend absolument pas dans le vacuum, mais cela vous le saviez déjà tous !

Un son (donc une onde sonore) qui est transformé en électricité devient un courant alternatif qui gardera les mêmes caractéristiques fréquentielles. Ceci est évidemment un peu théorique, car ça dépend bien sûr de la conversion, donc du micro et du haut-parleur et ce sont justement eux, les maillons faibles dans une chaîne audio et c’est au moment de la conversion que le son subit le plus de déformations et de pertes. Rentrent en jeu également la qualité des transducteurs (câbles) et d’autres composants notamment dans les amplis. Tout ça fait que le son subit beaucoup de pertes lors du transport et des conversions d’une part et de l’autre s’y ajoutent des éléments qui n’y étaient pas au départ (bruits, tensions parasites, saturations etc…)

Ces différentes pertes et superpositions (parasites etc...) génèrent aussi des incidents de phase !

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Longueur, Amplitude et Fréquence

La longueur d’onde (appelé Lambda = ) est définie par la distance que parcourt une ondulation jusqu’à l’état de son point de départ. L’amplitude (A) ou l’intensité est définie par la force de l’ondulation, c’est à dire la hauteur d’une sinusoïde (ou la hauteur d’une vague dans l'eau par exemple). La fréquence (F) nous dit combien d’ondulations il y a en une seconde et s’exprime en Hertz.

Un son d’une fréquence de 1000 Hertz, par exemple, ondule donc 1000 fois en une seconde et quand on sait que la vitesse du son est d’environ 340 mètres par seconde (à 20°C ; sinon 330 m/sec à 0°C et 343 m/sec à 20° C), on peut très simplement calculer la longueur d’onde, qui serait donc de 34 cm pour un son de 1000 Hertz.
Il suffit de diviser la distance que parcourt le son en une seconde par la fréquence d’un son, pour obtenir sa longueur Lambda en cm : = 34000/F

De la même façon, on peut calculer la longueur d’onde du son audible le plus grave, admettons 20 Hertz qui serait dune longueur de 17 mètres et du son le plus haut (disons de 20kHz) qui serait de 17 millimètres. C’est-à-dire un rapport de 1000 entre ces deux valeurs extrèmes.


Un signal audio normal et musical ressemble toujours plus ou moins a une sinusoïdale. Il existe bien sûr toutes sortes d’autres signaux (plus au moins musicaux), mais il n’y a que les apparentés sinusoïdaux qui nous intéressent ici (bien que les lois de la phase s’appliquent également et texto sur ces signaux-là)

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La Loi Physique

Dans l’air (ou dans un câble électrique ou un composant) il ne peut pas y avoir deux états d’énergie différents au même moment et au même endroit. C’est physiquement exclu et cela induit qu’il ne peut pas y avoir deux ondulations distinctes en même temps au même endroit. Il ne peut pas y avoir deux sons distincts en même temps au même endroit.

Deux ou plusieurs sons différents qui partent de sources différentes et distinctes vont donc se mélanger en un seul et unique son (ondulation plus ou moins sinusoïdale) dès qu’ils se rencontrent dans l’espace (et dans le temps). Imaginez deux petites rivières qui se versent dans un lit commun. Une fois mélangé on ne distinguera plus l’eau de chacune des rivières, mais la flotte est désormais un ensemble pour former une nouvelle rivière. Les vaguelettes et perturbations de chaque courant d’eau vont s’additionner pour créer de nouvelles vagues et mouvement, où les anciens n’existent plus ! Il est très important de comprendre ce comportement et ce qu’il en résulte !

Quand il y a plusieurs signaux audio de sources différentes, les sinusoïdales s’additionnent en tout point pour former une nouvelle sinusoïdale résultante. Et il est clair que, plus les signaux d’origine sont complexes plus le signal résultant sera une approximation de la somme des signaux originaux, car certains détails (surtout contradictoires) vont tout simplement disparaître. On appelle cela aussi des charges complexes. Et encore plus important : l’effet de masque ; un son peut en faire disparaître un autre pour de multiples raisons. Ceci est très important et à prendre en considération lors d’un mix. Tout le monde connaît le truc de la balance d’un concert qui commence avec la batterie qui a un super son, extra-top, et puis quand la grosse gratte saturax-à-mort s’y ajoute, tout devient minable et faiblard, surtout la Caisse Claire qui semble avoir mal sur les bronches.
Un petit schéma pour illustrer ce qui se passe quand un son plutôt grave et un autre plus aigu se mélangent : une nouvelle ondulation est créée et les deux sons seront désormais indissociables , car il s’agit d’un seul son.


Rien que de voir le graphique vous imaginez bien que le beau son grave d’origine n’est plus ce qu’il était dès qu’on lui met en autre son sur le dos. Regardez et comparer, avec un éditeur d'échantillons, les exemples de sinusoïdeles composées, que vous trouvez dans le dossier à télécharger.

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Les Harmoniques

Un son n’est que très rarement une sinusoïdale pure (situation labo ou oscilloscope), mais un mélange de beaucoup de différents sons. Il y a d’abord ce que l ’on appelle la fondamentale (qu’on appelle aussi le premier harmonique), qui définit la hauteur du son (grave, médium, aigu ou dans des cas précis une note d’une certaine hauteur) et puis, il s’y ajoute une multitude d’autres harmoniques. Il s’agit en fait de multiples, pairs et impairs (mais toujours entier !) de la fondamentale, dont le volume décroît au fur et à mesure.

Ce sont ces harmoniques qui sont responsables de la couleur du son et c’est cela qui nous indique, si l’instrument est un saxophone ou un piano, une guitare ou même une voix d’homme ou de femme, même s’ils émettent exactement la même note (fréquence)

Pour une fondamentale de 100 Hertz ; on obtient ainsi 200 Hz pour le deuxième harmonique (=> première octave) ; 300 Hz pour le troisième (sera également considéré comme la quinte par rapport au deuxième harmonique) ; 400 Hz pour le quatrième (=deuxième octave de la fondamentale et aussi la Quarte par rapport au troisième harmonique) ; 500 Hz pour le cinquième (qui donne aussi la Tierce majeure par rapport au quatrième harmonique) et ainsi de suite…

Notre système harmonique occidental, dit tempéré, est totalement basé sur ces rapports-là, et on peut ainsi calculer très simplement n’importe quelle gamme majeure ou mineure à partir de n’importe quel son de base…
Attention cependant : quand je parle des intervalles ci-dessus (quinte, quarte etc…), il ne s’agit nullement des notes d’une gamme par rapport à la fondamentale (100 Hertz dans notre cas) mais vraiment d’une relation d’intervalle musical entre deux fréquences.


On peut remarquer qu’il y a des harmoniques plutôt bénéfiques et musicales et d’autres moins musicales. On remarquera aussi que les intervalles deviennent de plus en plus dissonants au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la fondamentale. Mais en même temps elles deviennent de plus en plus petites, donc de moins en moins perceptibles. En gros on pourrait dire que les harmoniques paires sont plus musicales et harmonieuses à nos oreilles que les harmoniques impaires. Il faut aussi souligner que l’histoire des harmoniques à multiples entiers est valable uniquement pour les sons, dit musicaux. Tous les sons percussifs s’apparentant aux bruits sont constitués d’une multitude de composants qui n’ont pas forcément une relation harmonique entre eux !

Particularité : en prenant une fondamentale (y=sinx) et en ajoutant continuellement des harmoniques entières, tout en diminuant leurs intensités au fur et à mesure, on obtiendra une onde en dent-de-scie (par exemple son de guitare saturée)
y=sinx+(1/2)sin2x+(1/4)sin3x+(1/8)sin4x+(1/16)sin5x+(1/32)sin6x etc…

 

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La Phase d’une simple sinusoïdale

Une ondulation complète pourrait être comparée à un tour de cercle. Quand on a fait un tour, le son a parcouru 360° (ou deux fois Pi) et l’ondulation repart sur une nouvelle période. Si on démarre un peu plus tard (ou un peu plus tôt) on peut dire que le son est déphasé de tant de degrés.

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Quelques exemples pratiques :

Prenons un son pur (sinusoïdale) de 1000 Hertz. On a vu plus haut que la longueur d’onde est de 34cm (=340m/1000), et que cette onde met 1/1000 de seconde (1 msec) pour une seule ondulation. Ceci veut dire en pratique, que si l’on envoit le même son une deuxième fois une milliseconde plus tard, ce deuxième son sera parfaitement en phase avec le premier (ils auront les mêmes ondulations dans le temps) et le son va donc s’amplifier.

Et dans la même logique on peut affirmer que si on émet un deuxième son de 1000 Hertz mais dont la source est éloignée de 34 cm de la première les deux sons seront également en phase (ils auront les mêmes ondulations dans le temps) et vont s’amplifier. Par contre, si les deux sources sont éloignées de 17 centimètres seulement, les deux ondulations vont se trouver en opposition de phase (c’est à dire avec un déphasage de 180°). Lors d’un mélange dans l’oreille autant que dans n’importe quel autre capteur ou transducteur) les deux ondes vont s’additionner et forcement s’annuler : le son va disparaître.

Le graphique ci-dessous montre ce deuxième cas (additionnez la courbe rouge et la courbe bleue en tout point et vous obtiendrez une ligne droite sur le point zéro) :



Prenons un autre exemple avec un son de 100 Hertz. La longueur d’onde sera donc de 3,4 mètres (=34000/100 cm) et une seule ondulation prendra un centième de seconde ou 10 millisecondes.
En plaçant deux sources qui émettent chacune un son de 100 Hertz à 85 centimètres de distance (soit un quart de la longueur d’onde), les deux ondes seront déphasées de 90° (soit un quart de 360°).
Il y aura exactement le même phénomène quand les sons sortent de la même source, mais que le deuxième son sera émis 2,5 msec après le premier. On obtient un déphasage de 90°.

Voici un petit graphique pour illustrer cela. Remarquez que la longueur d’onde est toujours la même ; il s’agit donc toujours d’un son pur de 100 Hertz mais l’amplitude et la Phase ont considérablement changé :


Si, dans un autre cas, les deux sources étaient éloignées de 340 cm, les deux ondulations seraient parfaitement en phase et le son s’amplifierait (l’amplitude doublerait).
Si, dans le cas de deux sources au même endroit, et donc pour deux émissions de son, on retardait le deuxième son de 10 msec, les deux ondulations seraient parfaitement en phase et le son s’amplifierait également (doublement de l’amplitude).

Vous pouvez expérimenter cela avec l'exemple sonore dans le dossier à télécharger. Prenez le son à 100 Hertz, importez le dans un sequenceur audio, placez le sur quatre pistes audio et puis déplacez le deuxième son de 2,5 msec, le troisième de 5 msec et les quatrième de 10 msec. Écoutez chacun des nouveaux sons ensemble avec l'original.

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La capture du son par microphone ou oreille

Tout ceci est bien sûr aussi valable dans l’autre sens, donc pour la prise de son. Admettons qu’un son de 100 Hertz soit émis par une source (HP) et deux micros captent ce son. Dans le cas où la distance entre les deux micros (dans l’alignement de la source) serait de 170 centimètres (soit la moitié de la longueur d’onde), les deux signaux captés seraient en opposition de phase entre eux. Une sommation en mono entraînerait donc la disparition du son (ou en pratique plutôt une très forte atténuation). Ce serait la même chose si les deux micros se trouvaient au même endroit, mais que l’enregistrement d’un des deux était retardé de 5 msec.

A noter : pour une écoute stéréophonique(!) (donc avec un casque ou deux HP), ce sera moins gênant car nos deux oreilles feront bien la part des choses, si les deux signaux sont pannés gauche et droite. On remarquera bien que l’augmentation du déphasage entre les canaux, gauche et droit entraîne un élargissement de l’espace stéréophonique !! En pannant les deux canaux tout droit (mono) le problème réapparaîtra à nouveau !

Voici un petit exemple graphique du phénomène > cliquez ici

Le Cerveau

D’ailleurs, notre cerveau est parfaitement capable de percevoir et analyser les différences de phase dûes au captage du son par nos oreilles. Le fait que nos oreilles soient espacées (généralement entre 17 et 20 cm) entraîne, bien entendu un déphasage du son perçu différemment avec chacune des oreilles, et le cerveau s’en sert pour en déduire un tas d’informations en ce qui concerne la localisation de la source et l’espace sonore qui l’entoure.

Par l’analyse du comportement de phase des sons captés par nos oreilles, le cerveau est par exemple capable de distinguer un son source et ses diverses réflexions (reverbe delay) et de construire ainsi un espace virtuel, cohérent et ressemblant plus ou moins à la réalité (sans se servir des yeux).

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Le Microphone

La capsule d’un micro réagit aux variations de pressions atmosphériques (et cela indifféremment de la direction de la source de ces perturbations) et les transforme en électricité (courant alternatif). À la base, une capsule de micro est bête : elle ne sait pas d’où vient le son ; elle est donc forcément omnidirectionnelle. Comment font donc les constructeurs pour obtenir une directivité (cardioïde, hyper-cardioïde, en huit, etc) sur un micro ?
J’ai vu des gens scotcher le derrière de la boule de leur micro à deux balles ou de la remplir carrément avec du plastique pour réduire le larsen, et tout ce qu’ils récoltaient était encore plus de larsen.

Essentiellement c’est assez simple en théorie (bien que très complexe en pratique !!) d’obtenir une directivité sur un micro, et cela grâce au comportement de phase et de superposition de sons déphasés.
Voyons donc la chose de près : Le micro capte en priorité les sons les plus proches (ceux qui arrivent le plus vite et avec le plus de gain), les sons lointains sont évidemment aussi captés, mais bien plus faiblement et en plus : les sons venant de derrière doivent contourner le corps du micro pour arriver à capsule (mais même si c’est faible, cela suffit pour créer du larsen). L’idée de base est simple : Pour atténuer ces sons-là, on fait des ouvertures derrière le micro et l’on oblige le son de parcourir un certain chemin si bien calculé, à ce que quand le son arrivera sur la capsule, il sera en parfaite hors phase par rapport au son qui aura contourné le micro pour arriver (un peu plus tard) sur le devant de la capsule. Le résultat est une très forte atténuation de ces sons venant de derrière.

Les sons venant de devant (chanteur par exemple) ne subissent pas le même sort (ou seulement très peu) car même si ce son-là arrive aussi par passer par-derrière le déphasage ne sera pas le même - car le son de devant arrive en premier sur la capsule et celui qui aura contourné la boule pour passer par derrière sera bien moins puissant et en plus retardé – en pratique on aura juste une certaine coloration, mais qui fait aussi partie des critères de choix pour un micro ou un autre.

Cela explique aussi un phénomène bien connu des micros chant (et en fait avec tous les micros directionnels) ! Le rendement du grave dépend de la distance au micro. Plus on est près plus il y a de grave, plus on est loin plus le son maigrit.
Tout simplement parce que les fréquences graves ont une longueur d’onde assez élevé et perdent moins de gain à courte distance. Un son grave émit à proximité de la capsule (moins de 10 cm) arrivera avec le même gain par-devant que par derrière et pratiquement en phase (à cause de la longueur d’onde) il sera donc amplifié, tandis que les fréquences plus hautes seront juste légèrement atténuées. Cet effet se perd au-delà d’une dizaine de centimètres, mais l’atténuation générale (due à la directivité) sera de plus en plus importante, d’où une certaine incompatibilité des micro-chants pour les prises d’ambiance.
Ceci explique aussi pourquoi la directivité d’un micro est plus efficace pour le médium que pour la grave (ce qui n’est pas trop gênant car c’est le médium qui provoque le plus de larsen).

On retiendra deux leçons à en tirer : utiliser pour les prises de son isolé en studio ou home-studio plutôt de micros omnidirectionnels. Exploiter au maximum les possibilités d’un micro directionnel sur scène par un placement et une orientation le plus précis possible, et de veiller de ne pas avoir trop de distance entre source et micro

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Le son converti en électricité

Les exemples d’en haut illustrent le phénomène de phase sur les vibrations sonores donc les sons audibles, mais le même phénomène existe bien sûr électriquement c'est-à-dire quand le son est transformé en courant et tension. Il s’agit toujours d’un courant alternatif. Le courant continu ne peut pas traduire du son, mais sert généralement pour des taches annexes – par exemple pour piloter des VCA ou des traitements de signaux numérisés etc, mais ce sujet (courant continu) n’est pas d’actualité pour cet article.

Le courant alternatif qu’on obtient donc après une conversion d’un son (par exemple par un microphone) obéit bien sûr aux même règles, décrites plus haut. Quand on part de deux sons égaux, mais déphasés d’une certaine valeur, on obtiendra exactement le même déphasage des courants alternatifs après la conversion. Les effets seront exactement les mêmes que pour l’onde sonore c'est-à-dire une amplification ou atténuation du courant, selon la nature du déphasage, dès que ces courants contradictoires se rencontrent (par exemple dans un câble). Certains circuits servent d’ailleurs à améliorer ou rétablir la mise en phase de différents signaux (par exemple dans des filtres actifs, dans les processeurs et aussi dans les Enhancers dont le principe de fonctionnement est basé sur un déphasage volontaire de certaines plages de fréquences pour renforcer l’intelligibilité de l’ensemble)
Pratiquement cela veut dire que le simple fait de passer un signal à travers des composants électriques jouera sur la phase du signal. On pourrait dire que le signal est freiné à certains endroits et surtout que le chemin à parcourir est rallongé par des composants électroniques.

Un exemple très, très simple mais révélateur : prenez un processeur de reverbe (ou n’importe quel processeur d’effet) ; utilisez un câble Y (ou utilisez le aux-send d’une console) pour avoir le signal sec et d’origine sur une tranche de console et le signal après traitement sur une autre tranche (désactivez, si possible les EQ des tranches). Mettez les volumes des deux tranches à égalité et surtout gradez les en mono et panné tout droit. Tant que vous mélangez le signal original avec la reverbe seule (effet-mix sur wet ou 100%) il n’y a pas de problème. Mais dès que vous mettez le processeur en stand-by (ou effet-mix sur dry ou 0%), ce sera donc le son direct qui se trouve en sortie de processeur et quand vous le mélangez en mono au son direct original vous allez entendre de drôles de transformations, genre Vocoder – surtout sur les signaux sensibles comme par exemple la voix. Ceci est dû au fait que le son direct en sortie de processeur est déphasé par rapport au son direct original (avant processeur).

Certains composants influent plus ou moins sur la phase du signal et il est important de savoir que n’importe quel filtre fréquentiel (donc un égaliseur band=pass ou shelf etc..) apporte toujours des modifications assez importantes à la phase.

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Les signaux composés

Mais revenons à nos sinusoïdales et observons de plus près un signal déjà plus complexe et son comportement de phase :

Pour cet exemple on prendra un son composé de deux sinusoïdales. Un premier son de 100 Hz (qui a une longueur d’onde de =340 cm) et un autre de 850 Hz (qui a une longueur d’onde de =40 cm) qui seront mélangés ensemble et captés par des micros. Voici le graphique de l’ondulation de base :



Et partons maintenant à la découverte du déphasage : dans un premier cas, les deux micros seront espacés entre eux de 20 cm dans l’axe de l’émission du son. Cette distance correspondrait à un léger déphasage du son de 100 Hz mais d’un hors phase totale du son de 850 Hz (=40 cm), pour le deuxième micro par rapport au premier. Dès qu’on fait une sommation en mono des deux sons captés, la fréquence de 850 Hz va s’annuler et le son obtenu n’a plus beaucoup à voir avec le son d’origine. On récupère en fait notre signal de 100 Hertz avec un léger déphasage

Vous trouverez un exemple sonore de ceci dans le dossier à télécharger.

Allons encore un peu plus loin : Admettons que notre signal de base est encore beaucoup plus complexe : la somme de beaucoup d’autres sinusoïdales, mais les micros restent à leur place et bien sûr espacés de 20 cm. Du fait de cette distance, la fréquence de 1700 Hz (=20 cm) va se trouver parfaitement en phase par rapport au premier micro ainsi que sa deuxième octave supérieure : 6800 Hz (=5 cm).
Par contre comme déjà dit plus haut les 850 Hz (l=40 cm) seront parfaitement hors phase (180°) ainsi que sa deuxième octave supérieure, les 3400 Hz (=10 cm). Si ces quatre fréquences sont présentes dans notre signal d’origine, les 1700 et 6800 Hertz vont donc s’amplifier et les 850 et 3400 Hertz vont s’atténuer ou même être annulés. On parle alors d’un effet de filtrages de peigne (ou "comb filter")

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Pour illustrer, voici un exemple très simplifié. Prenons une sinusoïdale d’une fréquence quelconque : F



On y ajoutant beaucoup de ses harmoniques entieres (disons environ 80 fois, ce qui n’est pas artificiel du tout) on obtiendra un signal beaucoup plus complexe comme celui-ci


Admettons maintenant que par une réflexion par un mur proche ou par une prise d’un deuxième micro, on crée un hors phase (donc déphasage de 180°) sur la troisième harmonique, dont voici un schéma sinusoïdal

Après sommation en mono, donc une fois mélangé avec notre signal riche en harmoniques entières, ça donne ça :

Pas besoin d’aller dans des détails techniques pour s’apercevoir que ce dernier signal n’a plus grande chose à voir avec le premier et tout cela à cause d’un simple déphasage d’une troisième harmonique.

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Filtrage en Peigne ou Comb-Filter

Voici encore un petit graphique qui illustre bien les dégâts que peut causer une seule fréquence déphasée. C’est cela qu’on appelle aussi le filtrage en peigne ou comb-filter. D’abord une représentation graphique d’un bruit rose normal, capté par un analyseur de spectre d’un tiers d’octave (A) : Toutes les fréquences entre 20 Hertz et 20000 Hertz y sont présentes à une intensité à peu près égale et sur l’analyseur de spectre (logarithmique et sans pondération) vous obtiendrez ce genre de graphique quand vous y rentrez directement du bruit rose.

Le Graphique B montre le résultat après une sommation avec une seule fréquence déphasée - par exemple dû à la réflexion d’un mur proche ou d’une prise de son par un autre micro à une distance donnée.

A B

Comme vous le voyez, les accidents se répètent périodiquement, dû au fait qu’une fréquence donnée cause des dégâts à sa fondamentale mais également à certains multiples (octaves) notamment les deuxièmes, quatrièmes et huitièmes harmoniques.

Mais rentrons encore un peu plus dans les détails. Une source émet du bruit rose qui est capté par deux micros. Selon la distance entre ces deux micro, certaines fréquences seront donc atténuées et d’autres amplifiées.
On peut obtenir le même résultat en délayant le deuxième micro par quelques millisecondes.
Exemple : un delay de 0,1 msec correspond à une distance de 3,4 cm ou une fréquence de 10 kHz (dont la longueur d’onde est de 3,4 cm). Cette fréquence sera donc amplifiée (car en phase) d’environ 6dB, - ainsi que toutes les harmoniques paires donc les 20 kHz en occurrence.
De la même façon la fréquence, correspondante à la double longueur d’onde (5 kHz dont = 6,8 cm) causera un creux assez étroit mais profond d’environ –30 dB puisque parfaitement hors phase) - on appelle cela un notch – ainsi que toutes les harmoniques impaires, donc 15 kHz en occurrence.

Prenons maintenant un deuxième exemple avec un delay de 0,5 msec, qui correspond à une distance de 17 cm (ou une fréquence de 2 kHz dont =17 cm)

Le premier pic se trouve donc à 2 kHz (suivi de pics sur les harmoniques paires tels les 4 kHz, 6 kHz, 8 kHz etc etc)

Et le premier creux (notch) se trouve à F/2 donc vers 1 kHz suivi d’autres creux aux harmoniques impaires telles les 3, 5, 7, 9, 11, etc etc kHZ

En augmentant encore le delay (donc la distance entre les micros) les pics et creux se suivent à une allure effroyable et voilà pourquoi on nomme cet effet filtrage en peigne.

 

Stuf a une fois de plus assuré comme un chef en vous concoctant un petit graphique animé (en Java) qui démontre bien l’effet  >cliquez ici . Etvous pouvez télécharger des exemples sonores où vous entendrez vous-même la coloration plus ou moins forte qui est causée par ce phénomène.

Il faut souligner une fois de plus qu'en pratique, les choses diffèrent de la théorie. Pour que l'effet ait lieu comme démontré ici, il faudrait que les gains de différentes plages de fréquences captées par les deux micros soit identiques. Ors, par rapport à la distance entre les micros, le gain des hautes fréquences sera notablement atténué sur le deuxième micro.
Exemple: Vous savez qu'en doublant la distance depuis la source un son perdra environ 6 dB. Ceci veut dire que si le premier creux se produit tel que décrit en haut, le deuxième sera déjà beaucoup moins prononcé et les suivant encore moins, car en montant dans les harmoniques la longueur d'onde diminuera. La distance relative à Lambda (qui diminue en montant dans les aigus) par rapport à la distance entre les micros doublera, triplera et ainsi de suite...
Pratiquement l'effet sera donc de moins en moins audible a delà d'une distance d'une vingtaine de centimètres (mais néanmoins toujours mesurable), mais une certaine coloration typique affectera toujours le son dès qu'il est pris par plusieurs capteurs.

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L’Inversion de Phase

Jusqu’à maintenant, j’ai toujours parlé d’une alternation de la phase par application d’un petit delay ou par une distance donnée entre deux sources ou deux capteurs.
Mais il existe un autre moyen de changer la phase, électroniquement.Le petit bouton d'inverseur de phase qu’on trouve sur pas mal d’appareils (notamment les consoles et les processeurs ainsi que les préamplis) renverse la phase de 180° et surtout dans sa totalité.
Tandis que une certaine distance entre les micros ou un certain delay de quelques millisecondes va jouer essentiellement sur la phase de certaines fréquences, ce bouton va renverser la totalité du signal. On obtient le même résultat en inversant le plus et le moins d’un HP ou d’un ampli ou d’un micro.

Par exemple une distance de 20 cm entre deux micros n’affectera que de très peu la phase des signaux en dessous de disons 900 Hertz (déphasage de 90°) et encore moins en dessous de 400 Hertz (moins de 40°).
Tandis que l’inversement du point chaud (+) et du point froid (-) du XLR-micro, déphasera la totalité du signal de 180° ce qui conduit à une annulation de quasiment tout le son.
On verra dans la deuxième partie, l’importance que cela peut avoir en sonorisation et/ou enregistrement.

La Relexion

Le son, tout comme la lumière suit les lois physiques de la réflexion. C’est-à-dire que lorsqu’un son arrive sur une surface réfléchissante et lisse, il est renvoyé par le même angle par rapport à la perpendiculaire. Si le son arrive à la perpendiculaire (donc à 90°), il est aussitôt renvoyé sur lui-même. Mais il ne faut bien sûr pas perdre de vu qu’en pratique, on trouve très rarement ce cas virtuellement parfait, car une surface est avant tout rugueuse (même un carrelage n’est pas parfaitement lisse) ; le son est donc très souvent dispersé plutôt que reflété à l’identique. Prenez l’image d’un miroir pour la lumière, qui est une matière existante, certes, mais qui est juste une matière parmi de milliers d’autres qui reflètent ou dispersent ou absorbent plus ou moins la lumière.

Autre point : beaucoup de matériaux sont en fait hybride, c’est-à-dire en partie réfléchissant et en partie absorbant. Pour notre sujet, ceci a deux conséquences. Une partie du son va donc rebondir et une autre partie du son va traverser le matériau. Ces deux "nouveaux sons" seront déphasés par rapport au son original et causeront donc des effets plus ou moins audibles en se mélangeant avec le son d’origine.

Le son et les obstacles

Qu’est-ce qui est considéré comme obstacle pour un son. La réponse dépend essentiellement du rapport entre la taille de l’obstacle et la longueur d’onde ().

Trois conditions possibles.

1) L’objet (taille=d) est bien plus petit que la longueur d’onde du son qui le heurte (/d >>1).

Exemples : un son de 100 Hertz (= 340 cm) et un flight de 70 cm de haut et de 50 cm de large ; ou : un son de 1000 Hertz (= 34 cm) et une boule de micro à 6 cm de diamètre. Dans ces deux cas, le son va simplement contourner l’objet et continuer son chemin comme si l’obstacle n’existait pas, à la limite, il y aura une petite zone d’ombre sonore derrière l’obstacle
A noter : le corps humain n’est pas un obstacle pour les sons graves, disons jusqu’à 170 ou 200 Hertz.

Graphique cas N° 1 :

2) La taille de l’objet (d) correspond à peu près à la longueur d’onde du son qui le heurte (/d ~1).

Exemples : un son de 100 Hertz (= 340 cm) et un petit fourgon 2 m de haut et de 3,50 m de large ; ou : un son de 1000 Hertz ( = 34 cm) et un petit moniteur d’écoute de 30 cm sur 30 cm.

Dans ces deux cas, le son va encore contourner l’objet, mais il ne sortira pas d’indemne de cet exercice et sera considérablement déphasé et en partie reflété. Derrière l’objet, on trouvera une zone d’ombre sonore plus ou moins importante. Les ondulations vont aussi commencer à fléchir à l’angle de l’objet et y créer de légers déphasages.

Graphique cas N° 2 :

3) L’objet (d) est bien plus grand que la longueur d’onde du son qui le heurte (/d <<1).

Exemples : un son de 100 Hertz ( = 340 cm) et un mur ou une cloison d’au moins 4 à 5 mètres de large et de haut; ou : un son de 1000 Hertz ( = 34 cm) et un flight de 70 cm de haut et 50 cm de large. Dans ces deux cas, le son sera presque entièrement reflété par l’obstacle, ce qui crée des déphasages considérables, dûs aux réflexions en général ainsi qu’une vaste zone d’ombre sonore derrière l’obstacle. Les ondes vont également fléchir aux angles de l’obstacle et y créer de forts déphasages. En fait, ces points de flexion vont agir comme de nouvelles sources d’ondes qui se mélangeront au reste du son.

A noter : Une personne plantée devant une enceinte doit être considéré comme un obstacle. Ce troisième cas sera valide pour toute la bande de fréquences au-dessus des 200 Hertz !! D’où l’intérêt de mettre les enceintes mid/high toujours en hauteur !

Graphique cas N° 3 :

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Vous l’aurez compris : je suppose que l’objet en question est fait de matière plus ou moins réfléchissante ou amortissante pour le son. Si vous tendez une immense toile de gaze, pratiquement la totalité du son va passer intacte à travers, sauf peut-être le tout haut du spectre qui se heurtera aux brins de fibre de la matière (et encore).

Il faut aussi prendre en considération que certains matériaux absorbent une partie du son (ou le ralentissent, tout en le laissant passer) et en réfléchissent une autre partie.

Un simple mur ou même des flights ou des châteaux d’enceintes peuvent donc causer des dégâts, car le son réfléchi sur un mur parcourt plus de chemin que le son direct mais arrivera plus tard aussi sur le micro (ou sur l’oreille du spectateur). En plus dans les cas, où l’objet approche les dimensions de la longueur d’onde, le son va commencer à fléchir aux angles de l’objet - et ce qui sera l’équivalent d’une nouvelle source avec des ondulations déphasées par rapport à l’onde d’origine.

En ce qui concerne les réflexions dépendant de la distance parcourue du son réfléchi, l’onde sera plus ou moins déphasée par rapport au son direct et causera donc certaines annulations et certaines amplifications dans le spectre du signal.

Prenons un exemple simple : un son de 100 Hertz est envoyé vers un micro qui se trouve à exactement 3.4 mètres. Ce micro capte donc le son bien en phase comme s’il était placé directement à la source. Admettons qu’il y ait un mur sur le côté à 140 centimètres. Dans ce cas le son va être réfléchi du mur et un peu plus tard cette réflexion arrivera également sur le micro (cet autre son aura parcouru 1.40 mètre jusqu’au mur et puis 3.70 mètre en diagonale vers le micro, donc une distance de 5.10 mètres). Cette réflexion sera hors phase avec le son direct (5.10 moins 3,40 égale 1.70 soit la moitié de longueur d’onde du son de 100 Hertz). Les 100 Hertz seront donc passablement atténués.

Un autre exemple simple (Un caisson Sub qui envoie presque autant de son derrière que devant) : On part avec le même son de 100 Hertz . Derrière la source il y a un mur à une distance de 85 centimètres. Dans ce cas le son va être reflété du mur et un peu plus tard cette réflexion arrivera à nouveau sur la source (le son aura parcouru 1.70 mètres). Cette réflexion sera donc parfaitement hors phase avec le son direct. Les 100 Hertz seront donc passablement atténués.
Voici un petit exemple graphique du phénomène > cliquez ici

Si le son émis par le HP n’est pas une fréquence simple mais un son riche et complexe il y aura d’autres phénomènes, dus aux réflexions de ce mur en arrière.

Premièrement les 100 Hertz vont être atténués. Mais son octave (200 Hertz) va être amplifiée pour les mêmes raisons. La longueur d’onde des 200 Hertz étant de 1,70 mètres, la réflexion de cette fréquence va être en parfaite phase quand elle revient sur le HP de source et va donc amplifier cette fréquence dans le son original.

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Petite conclusion

Il est bien sûr évident que les exemples théoriques que je cite sans cesse, sont et resteront bien théoriques, car il y a beaucoup d’autres paramètres qui rentrent en jeu dans la vie quotidienne et dans un environnement sonore naturel.

Voici quelques exemples qui feront dévier la pratique de son modèle théorique.

  • L’air est un médium élastique comme un autre et outre sa faculté de propager le son, elle le freine également. Le gain d’un son (et donc l’amplitude de l’ondulation) décroît très vite et proportionnellement au carré de la distance parcourue. Ceci a bien sur une grande influence sur nos modèles théoriques, car s’il est vrai que les réflexions et autres prolongements de parcours d’un son peuvent tourner sa phase de 180°, il ne faut pas oublier qu’il aura également perdu pas mal de son énergie initiale et l’amplitude sera donc bien diminuée et l’impact sur l’ensemble sera donc bien moindre de ce que l’on pourrait calculer.
  • L’air freine le son en général, mais la force de ce freinage dépend aussi de la fréquence du son et de beaucoup d’autres facteurs. Ceci fait qu’un modèle théorique valable pour les basses fréquences par exemple ne le sera pas forcément pour les hautes fréquences, etc…
  • Le son est en général un amalgame très, très riche et complexe et certains incidents de phase auront beaucoup moins d’importance en réalité (car noyé dans cette richesse et complexité) de ce qu’un modèle simplifié nous laisse croire.
  • La musique ne se résume pas à une simple ondulation sinusoïdale mais une ondulation ultra-complexe qui est en fait la somme de dizaines de milliers d’ondulations, se superposant continuellement.
  • Notre modèle part du principe d’un son pur et en phase et y oppose un son déphasé de tant de degrés. Ce modèle n’existe pas en réalité sauf en situation de laboratoire avec des sources sonores pures (oscilloscope) et expérimenté et mesuré en chambre sourde (une chambre sourde est un environnement dont on a enlevé toutes les possibilité de réflexions sonores – isolation à 100%). Or, tous les sons qui nous entourent sont toujours complexes et composés de nombreux attributs déphasés, et l’ajout d’un énième incident de phase n’aura généralement qu’assez peu de répercussions audibles.

Mais méfiez, vous car ces incidents de phase existent réellement et dans une deuxième partie, j’essayerai de développer un peu les réels dangers qui guettent l’amateur et le professionnel du son tous les jours.
Dans la pratique quotidienne de la sonorisation, on peut très bien appliquer ces rudiments de base (voir les modèles théorique ci-dessus) et déjà obtenir des résultats satisfaisants. Pratiquement, les incidents de phase se traduisent en atténuation ou amplification de certaines fréquences, ce qui veut dire une coloration du son qui peut être assez forte. On parle alors de l’effet de filtrage en peigne ou "comb" en anglais.

Un débutant, faut-il encore qu’il entende de telles colorations croit peut-être qu’il s’agit d’un phénomène d’égalisation, mais il torturera en vain son EQ et n’y arrivera pas, tant qu’il n’aura pas compris que le problème est essentiellement et littéralement dans l’air (ou parfois dans les composants électroniques ou transducteurs)

J’irais même plus loin : certains incidents de phase se trouveront encore aggravés quand on s’y attaque avec un égaliseur, car tout filtre joue également et naturellement sur la phase du signal traité et surtout le matériel bas de gamme est très laxiste et grossier dans ce domaine.
La différence entre un EQ de supermarché et un DN 360 à presque 2000 euro se trouve aussi et même tout particulièrement dans le soin particulier que les constructeurs ont mis en œuvre pour éviter les incidents de phase lors de l’utilisation de l’appareil. (eh oui, et ça coûte cher !!)

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J’aimerais apporter une dernière précision :

Au cas où certains n’auraient pas compris depuis longtemps. Un incident de phase (c’est-à-dire, le déphasage d’un signal) n’est pas audible en soi. Il est à peine détectable et/ou mesurable. Il ne changera pas le son en soi.
Là où il se révèle et où il devient plus ou moins évident c’est quand il sera mélangé à un autre son avec un comportement de phase différent. Et cela peut mener jusqu’à l’annulation totale d’un son, tant que les deux sources sont actives en même temps. Mais on n’entendra absolument rien de suspect quand on écoute ces sources séparément !! J’espère que ceci est bien clair, sinon, recommencez par la ligne N° 1 s’il vous plait.

A très bientôt j’espère pour la deuxième partie de ce passionnant voyage dans les entrailles des ondulations mystiques….

J'aimerais remercier tout particulièrement Stuf pour les superbes illustration en Applet Jawa (les trucs qui bougent).
Pour télécharger le dossier supplémentaire avec les fichiers audio, cliquez ici.

© Ziggy - Janvier 2005

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